Contexte
Depuis plusieurs années, le CCAS a à cœur de créer des liens de Solidarité entre les générations et de lutter contre l’exclusion, des personnes âgées comme des jeunes en recherche de repères affectifs. Afin d’atteindre ces objectifs, il met en place de nombreuses actions dans différents domaines, celui de l’animation, de la citoyenneté, de l’éducation. Ces actions permettent de créer des liens et de faire prendre conscience par l’ensemble des participants de la richesse des échanges entre des classes d’âge différentes. Chaque année, un projet est choisi de façon collégiale. De nouveaux partenaires viennent rejoindre l’équipe du CCAS pour réfléchir, discuter du projet qui pourrait être mis en place et s’associer à sa réussite en mobilisant ses publics.
Le CCAS a ainsi tissé un partenariat avec plusieurs structures associatives telles que l’association des papillons blancs : une résidence de personnes âgées met à disposition de l’association une douzaine de logements. Ceci permet à des personnes handicapées d’accéder à un logement en habitat classique, et de trouver ainsi l’autonomie nécessaire dans leur vie quotidienne, tout en bénéficiant d’un accompagnement individualisé en utilisant si nécessaire les services proposés aux aînés (restauration, animation.)
Le CCAS a également forgé un partenariat privilégié avec le foyer Henri Pestalozzi, relevant de l’ALEFPA (Association Laïque pour l’Education, la Formation, la Prévention et l’Autonomie). Cette maison d’enfant à caractère social accueille en internat 16 jeunes de 6 à 14 ans. Ces jeunes en difficultés personnelles familiales ou sociales sont hébergés soit en accueil provisoire de manière contractuelle entre la famille, l’aide sociale à l’enfance et le foyer, soit en ordonnance de garde à l’aide sociale à l’enfance, par le biais d’un placement effectué par le juge. Si les actions éducatives prennent une part importante pour le développement et le bien être des jeunes accueillis, la direction de la maison a une volonté manifeste d’ouvrir sa structure sur la ville en faisant participer les enfants à des actions citoyennes (participation aux conseils des jeunes, intégration dans les écoles de la ville, inscriptions aux activités sportives, participation aux manifestations organisées).
Pour l’action à mener en 2012, l’équipe organisatrice se devait de trouver une activité permettant à chacun des intervenants d’y trouver un intérêt, d’associer les retraités valides et moins valides vivant à domicile ou en structure, jeunes du Foyer d’accueil mais également les petits enfants, des adolescents participant aux activités mises en place par la ville et notamment le service jeunesse. L’ensemble des partenaires a pour ambition de proposer à la fois des actions innovantes et répondant aux besoins des publics ciblés.
C’est ainsi que dans le cadre d’une analyse récente sur les besoins sociaux et notamment sur les risques encourus par les personnes âgées, le CCAS a relevé le problème de la mobilité et de l’équilibre chez plus de 78 % des aînés, entraînant pour la plupart une perte d’autonomie difficile à accepter, évaluée dans 62 % des cas. La crainte de la chute liée à un manque de confiance, un équilibre incertain, sont des préoccupations de nos aînés qui ressortent dans l’enquête pour 1 personne sur 6.
En parallèle, les professionnels et les bénévoles intervenants auprès de plus de 150 personnes âgées vivant à domicile tout au long de l’année soulignent régulièrement les besoins de ces dernières de maintenir ou de retrouver une utilité sociale, notamment auprès des jeunes et adolescents.
L’équipe du foyer Henri Pestalozzi quant à elle est persuadée que les échanges multiples entre les deux générations sont indispensables pour l’épanouissement des enfants le plus souvent en pertes de repères familiaux qui intègrent la structure.
Après une réflexion menée en commun regroupant des professionnels du CCAS et du foyer Henri Pestalozzi, du club des seniors, du réseau prévention isolement et d’aînés, l’activité cirque a recueilli un avis favorable. L’ensemble des participants a en effet estimé que cette activité était un outil permettant par ses diversités de se transformer en véritable thérapie permettant une valorisation ou une revalorisation de chaque participant par rapport à lui-même et également par rapport au regard des autres. Par l’activité autour du cirque, il était facile de créer des moments de plaisir à partager entre jeunes et moins jeunes, éléments jugés indispensables par tous. Il a donc été décidé de réunir ces deux concepts autour des activités du cirque avec un rêve, celui de constituer une troupe et de mettre en place au fur et à mesure des rencontres les numéros alliant jonglerie, équilibre, clownerie, magie, mimes, bref toutes les composantes nécessaires pour la conception d’un spectacle. Ce travail réalisé en commun tout au long de l’année aboutirait à une représentation finale au cours d’évènements festifs communaux, tels que la semaine nationale des personnes âgées et retraitées, courant octobre ou encore à l’occasion de la semaine de la solidarité. Cette action pourrait également donner un nouvel élan aux deux générations confondues, en sorte que ce spectacle soit présenté dans différentes structures, telle que les EHPAD, les résidences de personnes âgées, les écoles, les foyers d’accueil.
Description / Fonctionnement de l'action
Afin d’associer un maximum de personnes et de multiplier l’intérêt à ce projet, plusieurs approches liées à la vie du cirque sont déployés en intergénération, pour développer la complicité entre les deux publics :
Des ateliers d’initiation aux arts du cirque
Basé sur le respect de l’individu et valorisant les compétences de chacun, que ce soit la créativité, la maîtrise de son corps, la prise de conscience de ses possibilités mais également la connaissance de ses limites, ces ateliers permettent de découvrir les multiples facettes du cirque et donnent à chacun les moyens de trouver sa place et de participer à la création collective d’un numéro.
Ces ateliers se déroulent selon les capacités de chacun :
- En collectif, pour favoriser la dynamique du groupe.
- En atelier personnalisé, pour au départ conforter les plus timides, les mettre à l’aise et permettre à chacun de développer ses habilités motrices à son rythme.
Ces ateliers qui transforment les volontaires petits et grands, les uns en clowns blancs et les autres en clowns augustes, mettent en jeu l’expression corporelle, vocale, la gestuelle, le mime et la mise en scène. Ces deux ateliers se déroulent à la fois dans les structures gérées par le CCAS mais sont également proposés à la maison de retraite implantée sur la commune.
Des ateliers décors
Le cirque ne serait pas le cirque sans chapiteau, il manquerait cruellement de féerie sans décor. C’est pourquoi aux deux autres ateliers vient se greffer un atelier pour la réalisation des décors. Au fil des ateliers prennent forme les animaux indispensables à l’ambiance du cirque. Le papier mâché se transforme en otaries, en zèbres ou en éléphants, en fonction de l’imagination et des besoins pour le numéro du dompteur.
Des Ateliers de confection
Enfin, ce dernier constitue également une étape importante dans le projet en sorte qu’il permette à chaque participant d’enfiler son habit de clown, de jongleur, d’équilibriste.
Ces deux derniers ateliers permettent ainsi d’associer à la réussite du projet les plus discrets ou les plus timides qui, dans un premier temps, préfèrent rester au second plan.
Bilan
- Ce projet est un outil de thérapie permettant à chaque participant de trouver un bien-être physique et moral à la fois.
- Il fait des différentes rencontres des moments de reconstruction personnelle et de compréhension réciproque.
- Il donne aux jeunes les moyens de s’identifier comme personne en devenir, leur permet de construire grâce aux aînés, à qui on a redonné la parole et leur rôle de citoyen, une partie de leur identité sociale. Il leur donne les moyens de retrouver, au contact des personnes âgées, les notions de respect, de tolérance, mais aussi des repères affectifs indispensables pour leur épanouissement.
- Il permet à deux générations de combler un manque affectif ou d’éviter une situation d’isolement.
- Il permet d’oser être soi et de se sentir en sécurité.
- Il encourage chacun des participants à exprimer sa sensibilité et fait émerger des univers personnels.
- Il donne la possibilité à chaque participant de vivre une expérience singulière et de la partager ensemble.
Si les actions en inter génération font partie intégrante de celles menées tout au long de l’année, mettre en place une activité cirque et faire adhérer les aînés à cette activité n’était pas acquis au départ. « On est trop vieux pour faire du cirque ! On a de l’arthrose ! Que va-t-on dire de nous ! » ont été les premières réflexions entendues. La décision de réaliser plusieurs ateliers a permis à chaque participant de trouver sa place, de mixer tous les publics.
Moyens
La Directrice du CCAS, cadre de santé, la Responsable du département seniors, un animateur forgé aux techniques du cirque recruté spécifiquement pour animer les ateliers d’initiation aux arts du cirque et les ateliers d’expression, une animatrice ayant des compétences démontrées dans le domaine de l’artistique, deux jeunes recrutés en service civique pour accompagner les aînés dans leur progression.
Les partenaires
Partenaires opérationnels
- Le service jeunesse de la ville
- L’Alefpa, notamment le foyer d’accueil Henri Pestalozzi
- Le SIVOM (service civique)
- L’EHPAD du clos Fleuri
- Le Cub des seniors
Ils financent l'action
- L’association Domoti
- L’ALEFPA
Les observations du CCAS/CIAS
Cette activité a permis de redonner un nouvel élan à l’intergénération qui devient un élément moteur. Au niveau des seniors, le projet permet d’exercer un véritable levier au maintien dans l’autonomie des personnes en perte d’autonomie, et pour des jeunes retraités, il permet de maintenir pleinement dans la vie citoyenne, en mettant à disposition de cette action leurs qualités de jeunes « grands parents ».
Pour les enfants, l’épanouissement affectif, la reprise de repères mais aussi de confiance en soi sont indéniables. Tous les encadrants de cette action sont unanimes pour constater qu’elle permet de créer des liens réels entre les générations et de lutter visiblement contre les facteurs d’exclusion, qu’ils soient liés au handicap physique ou social.
Ce projet d’action a pour ambition d’encourager toutes générations confondues à la pratique d’une activité commune et partagée. L’enjeu de ce projet n’est donc pas seulement intergénérationnel en sorte qu’il favorise les échanges de proximité, mais il a également pour volonté de créer des liens dans la durée et de les faire partager. Cette expérience locale basée autour des arts du cirque, peut s’inscrire en différents lieux telles que dans les maisons de retraite, dans les centres de loisirs, les écoles, les accueils de jour... Une occasion pour le groupe de faire connaître le spectacle, mais aussi de donner l’envie à un plus grand nombre de s’investir dans de nouveaux projets.
Des ateliers variés, source de créativité, d’innovation, de partage pour se détendre et s’amuser, est ce à quoi le projet tente de répondre, lui donnant ainsi une valeur ajoutée qui mérite d’être valorisée et dupliquée.
Photo : Wikimedia Commons / Philippe Brizard