Le Pôle Insertion du CIAS du Cap-Sizun gère deux chantiers d’insertion. Depuis 2014, il propose aux salariés un outil qui recèle de fortes potentialités, à savoir le sport. En intégrant une pratique sportive à la semaine de travail, l’équipe encadrante cherche à apporter une plus-value à un projet global centré sur l’individu et à favoriser l’insertion sociale et professionnelle des salariés.
Contexte
Le chantier d’insertion est un dispositif de l’IAE (Insertion par l’Activité Économique) qui s’adresse à des personnes éloignées de l’emploi, rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières.
Qu’est-ce qu’un chantier d’insertion ?
- Un contrat de travail de 7 mois, 26 heures par semaine
- Un accompagnement individualisé, renforcé, pour construire un projet professionnel
- Un accompagnement social pour lever les freins à l’emploi : mobilité, logement, santé, garde d’enfant...
- Un encadrement technique sur le poste
- Un plan de formation personnalisé
Les deux chantiers d’insertion du CIAS : chantier « environnement » et « services à la personne », embauchent 21 salariés toute l’année (en moyenne 40 à 43 personnes par an).
Les chantiers constituent un véritable tremplin vers l’emploi ou la formation grâce à des supports d’activités diversifiés et professionnalisants, une équipe encadrante mobilisée et attentive au développement des compétences et potentialités de chaque salarié, des formations en interne et en externe, un travail d’équipe et de partenariat.
Par différents outils, l’action d’insertion du CIAS du Cap-Sizun s’efforce de lever les possibles freins à l’emploi des salariés. Le marché du travail n’en tolère pas et demande des qualifications.
Or les encadrants des chantiers font le constat d’une évolution du public comme de plus en plus
« très éloigné de l’emploi » : problématiques autour de la santé, du budget, du logement, de ruptures familiales... Les démarches d’autonomie et d’insertion sont vécues difficilement par ce public. Les encadrants des chantiers ont repéré entre autre, des difficultés de concentration sur le poste de travail, des absences récurrentes non justifiées, peu ou pas d’initiatives personnelles même après plusieurs mois passés sur le même poste de travail.
Une action qui vise donc la qualification de la personne sans développer un accompagnement de la transition vers l’emploi ou sans améliorer les capacités d’adaptation à moyen terme peut être interrogée.
D’autre part, la mise en place de l’action a été motivée par une demande récurrente des salariés du chantier « environnement » à pratiquer du sport. Ils évoquent la nécessaire forme physique qui accompagne leur reprise d’emploi. Ils ont sollicité l’encadrant technique pour pratiquer une activité physique avec leurs collègues de travail. Ils évoquent leurs réticences à aller vers une association ou un club (regard des autres) et des difficultés organisationnelles (garde d’enfant, problème de mobilité) et financières dans leur accès au sport.
Ainsi, l’action SPORT, en tant que vecteur de cohésion sociale, de santé et d’insertion, trouve ici tout son sens. Mais le sport ne saurait être lui-même la solution, si on ne rentre pas dans une démarche de projet. Les modalités de mise en œuvre du projet ont été pensées et réfléchies pour coller aux représentations des salariés, au territoire, aux besoins.
Description / Fonctionnement de l'action
Les encadrants organisent et proposent chaque semaine à l’ensemble des salariés la pratique de deux activités sportives (parfois une activité artistique ou culturelle). Un planning mensuel leur est adressé, ils choisissent l’activité qui leur convient.
Depuis 2018, le CIAS a mis l’accent sur le sport santé. Chaque semaine une activité accessible à tous est organisée : soit de la remise en forme avec un partenaire labellisé, soit de la randonnée/découverte naturaliste (faune et flore) à la belle saison. L’autre activité varie chaque semaine : nous favorisons la découverte.
La séance dure 1h30, elle a lieu chaque vendredi après-midi (sauf en été et à Noël) et est comptabilisée comme du temps de travail. Le bien-être au travail est ainsi reconnu et tous peuvent participer. L’action crée un engouement, un engagement à l’activité et envers les collègues.
Chaque vendredi, ce sont en moyenne 13 salariés, hommes et femmes, qui participent à ce temps. Les autres salariés sont soit absents (congés, arrêt), soit en stage ou en formation (code, remise à niveau). 100% des salariés participent à l’action.
Les encadrants sportifs sont des professionnels, intervenant contre rémunération, ou des bénévoles. Dans tous les cas, ils disposent de l’expérience et de la technicité pour l’encadrement d’un groupe (sécurité, pédagogie...).
Plus d’une trentaine d’activités sportives et culturelles et artistiques sont proposées chaque année : Aïkido, Badminton, Boxe française, Équitation, Foot en salle, Handball, Karting, Kayak, Paddle, Musculation/remise en forme, Tennis de table, Qi Gong, Randonnée, Tennis et Beach-tennis, Tir à l’arc, Voile, Volley, Percussions africaines, Théâtre d’improvisation, Yoga, Char à voile, Découverte maritime, Vélo, Marche dans l’eau, Céramique, Self-défense, Billard français, …
Une convention de partenariat est signée avec chacun des intervenants. Ceux-ci apportent conseils et recommandations aux salariés afin qu’ils gèrent leur condition physique au plus près de leurs besoins et de leurs envies.
Les encadrants des chantiers d’insertion participent également aux activités, ils assurent ainsi la cohésion du groupe, le respect des règles et cela permet aussi un travail de proximité.
Les salariés sont sollicités pour donner leur avis et participent au choix des activités. Ces échanges sont l’occasion pour les encadrants d’entendre leurs remarques sur l’action proposée et envisager des possibles adaptations, solliciter leur avis sur les futurs sports à découvrir...
Bilan
Dans le cadre d’une intervention sociale, la pratique sportive présente trois intérêts principaux : la construction identitaire (notamment la revalorisation de l’image de soi), l’acquisition de nouvelles capacités de relations sociales (contrôle de soi, gestion de l’échec, capacité à coopérer, prise d’initiative, autonomie, qualités organisationnelles...) ainsi que la création de lien social.
Les encadrants ont pu observer différents impacts de la pratique sportive :
- Sur la santé physique, morale et sociale : amélioration de la condition physique, prise de conscience de l’importance de la santé, activité décrite comme un moment de bien-être ou de plaisir, déclencheur d’envie (café, organisation de repas, reprise du sport, ...)
- Sur la cohésion au sein du groupe : intégration des nouveaux salariés facilitée, amélioration du climat de travail et de la dynamique d’équipe (dépassement des aprioris, plus de compréhension, d’acceptation), lien social et mixité renforcés, moyen de médiation (en cas de tensions au travail...) et de remédiation (situation d’illettrisme)
- Sur le lien de confiance entre salariés et encadrants du chantier d’insertion : par leur participation aux séances, les encadrants repèrent chez les salariés des qualités non identifiées dans le cadre professionnel. Inversement, les salariés apprécient échanger dans un autre cadre avec les encadrants : « ça permet de voir les choses différemment... d’autres expressions sur les visages que pendant les rendez-vous. Sur le terrain, on est tous au même niveau ».
- Sur l’insertion professionnelle : engagement des salariés, valorisation de soi, prise de conscience de leurs capacités. Cet outil crée une véritable dynamique qui, ajoutée au soutien et à l’accompagnement de l’équipe encadrante, permet de favoriser la mobilisation de chacun dans sa recherche d’emploi.
Moyens
Moyens humains
Personnel du CIAS du Cap-Sizun mobilisé sur l’action sont :
- un encadrant technique du chantier d’insertion « environnement »
- un coordinatrice du pôle insertion
- un conseillère en insertion sociale et professionnelle
- un chargé des affaires administratives et comptables
Moyens materiels
Équipements sportifs : salle de sport et dojo mis à disposition par la Communauté de communes du Cap Sizun tous les vendredis
Matériels sportifs : fournis par les professionnels ou par le CIAS qui a investis dans l’achat de vélos ou petits matériels sportifs
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Partenariat sportif :
Le CIAS fait appel à plus de 20 associations et/ou professionnels, la grande majorité est située sur le territoire du Cap Sizun.
Partenariat sanitaire :
Un partenariat a été créé avec l’un des médecins généralistes du territoire. Celui-ci a plusieurs objectifs :
- Permettre aux nouveaux salariés de passer leur visite médicale d’aptitude au sport, sans avoir à avancer de frais, le médecin facturant directement au CIAS.
- Favoriser l’échange avec les encadrants du chantier lorsqu’une problématique de santé est repéré chez un salarié.
De plus, lors de leur rencontre régulière avec la chargée d’insertion, les salariés sont interpellés sur les bénéfices de l’action sur leur santé. Lorsqu’ils le souhaitent, un bilan de santé complet leur est proposé au Centre de bilan de santé de Quimper.
Ils financent l'action
Le Conseil départemental participe au financement de l’action SPORT par le versement d’une subvention annuelle, à hauteur de 4000€.
Les observations du CCAS/CIAS
Le sport apporte de nombreux bienfaits, tant au niveau physique, psychologique ou encore social. Pour les personnes ayant connu des ruptures dans leurs parcours de vie et souffrant de diverses fragilités, c’est un moyen de reprendre confiance en soi et de favoriser le bien-être dans tous ses aspects.
Le CIAS fait évoluer cette action chaque année depuis 2014. Comme tout outil, l’essentiel est de le questionner en permanence afin de faire en sorte qu’il colle toujours aux besoins.
Photo : Wikimedia Commons / Jymm
