Plus qu’un coup de pouce, le micro-crédit personnel est aussi un outil pédagogique favorisant l’accès au prêt pour des personnes exclues des dispositifs de droits commun. Néanmoins, les conditions d’octroi sont restreintes à des cas particuliers et comme tout crédit, il engage au remboursement. C’est pourquoi un suivi spécifique est proposé à chaque demandeur par le CCAS. Zoom sur le dispositif lommois...
Contexte
Une partie de la population n’a pas accès au crédit bancaire, car considérée comme trop risquée ou trop peu rentable par les banques. Ce sont non seulement les personnes allocataires des minima sociaux mais aussi les salariés pauvres et les retraités. Ces personnes n’ont donc d’autres recours que de faire appel à des formes de crédit coûteuses, entraînant un risque élevé de surendettement. Les référentes micro-crédit du CCAS de Lomme ont pour objectif de les aider à se réinsérer dans le circuit bancaire classique en ayant recours au micro-crédit personnel. La mise en place de ce dispositif a nécessité un partenariat avec le Crédit mutuel ainsi qu’un renforcement, par la formation, des relations des travailleurs sociaux des CCAS avec les banques.
Description / Fonctionnement de l'action
Bénéficiaires : Le dispositif s’adresse en priorité aux travailleurs pauvres exclus du système financier et aux retraités dont le reste à vivre est insuffisant pour accéder au crédit « classique ». Ces bénéficiaires potentiels ne doivent pas relever des dispositifs sociaux légaux de droit commun.
Objets des prêts : il s’agit de financer des projets individuels visant à favoriser l’insertion ou le maintien du lien social. Ils relèvent de trois grandes catégories :
le soutien ou la mobilité à l’emploi (moyens pour accéder physiquement à un emploi,...),
l’équipement ménager,
la cohésion et le lien social (travaux d’aménagement, déménagement,...).
Montant et durée du prêt : 300 à 2 000 euros, remboursables sur 18 à 24 mois selon la somme empruntée et les possibilités financières de l’emprunteur. Le taux d’intérêt réel est de 6,8 % mais le CCAS prend en charge l’équivalent de 2 % du taux sous forme d’un versement au détenteur du crédit.
Octroi : une conseillère en économie sociale et familiale étudie le dossier en premier lieu, pour évaluer les possibilités de remboursement de la personne et son projet. Ensuite, une commission informelle a lieu au CCAS pour étudier les dossiers validés par la CESF et décider de la transmission ou non à la banque. Celle-ci décide en dernier ressort.
Accompagnement : L’emprunteur est suivi par une conseillère en économie sociale et familiale durant l’instruction du dossier et pendant toute la durée du prêt.
La formation des travailleurs sociaux sur le domaine bancaire a été réalisée par l’association Finances et pédagogie. En effet, en dépit de leurs connaissances, les conseillères en économie sociale et familiale doivent faire face à des montages de dossiers bancaires complexes.
Bilan
Le bilan est très positif. De début 2008 à fin 2013, 88 dossiers ont été acceptés pour l’octroi de micro-crédits. Néanmoins, le CCAS a pu observer que ce dispositif a remporté un vif engouement auprès du public sans pour autant que ce dernier mesure les conditions spécifiques d’accès. Cela entraînant un surnombre de demandes et des désistement des demandeurs en cours d’étude des dossiers. Les référentes ont donc renforcé l’information des demandeurs potentiels et orientent les demandeurs vers le micro-crédit seulement si aucune autre aide (aide exceptionnelle, ou fonds de l’épicerie solidaire par exemple pour de petits montant remboursables sur 4 mois) ne peut répondre au besoin du projet présenté. Depuis 2014, le CCAS n’a, de ce fait, reçu que 4 demandes dont seulement une a aboutit à un crédit. Les trois autres demandes s’étant désistées en raison de capacités d’endettement insuffisantes et de la contrainte de changer de banque ou d’ouvrir un compte au Crédit mutuel.Si le CCAS déplore que les montants accordés restent parfois insuffisants pour financer certains projets (achat d’une chaudière, d’un véhicule, réhabilitation d’un logement,...) et que cela nécessite de trouver des financements complémentaires alourdissant la tâches des CESF, il remarque toutefois que depuis le lancement de l’opération, aucun incident de remboursement ou retard de paiement ne s’est produit.
Moyens
Budget : 14 400 euros
Les partenaires
Partenaires opérationnels
Crédit mutuel.
Ils financent l'action
Crédit mutuel, Fonds de cohésion sociale.
Les observations du CCAS/CIAS
Ce projet de micro-crédit est une réussite, il répond à un besoin, même s’il ne suffit pas à lui seul à financer certains projets.
Photo : Wikimedia Commons / Serge Ottaviani