Afin de favoriser le mieux-être au travail par la prévention des troubles musculo-squelettiques et psycho-sociaux induits par l’activité professionnelle et de faciliter la reconversion professionnelle en cas de troubles chroniques, le CCAS de Niort a mis en place une série de formations destinées aux agents des services de soins infirmiers à domicile et du service d’aide à domicile.
Contexte
De façon globale, entre 2009 et 2013, les atteintes ostéo-articulaires ont représenté 3 468 jours d’arrêts pour 96 accidents de service. 16 maladies professionnelles ont été déclarées entre 2010 et 2013.
Sur le SAAD, il a été relevé ces dernières années (2012-2013-2014) un absentéisme lié à la maladie professionnelle assez important : 4 agents ont été en arrêt de travail sur de longue période (2 ans). De plus, 3 agents ont eu un arrêt long en maladie ordinaire.
Sur le SSIAD, un agent a eu un arrêt long en maladie ordinaire.
L’ensemble de ces professionnels a été accompagné afin de les repositionner sur un autre poste que le précédent ou sur le même poste avec des aménagements.
L’absentéisme et le repositionnement des agents sur un autre poste ont entraîné une dépense importante en termes de remplacements.
Description / Fonctionnement de l'action
Objectifs et actions
Objectif stratégique
Favoriser le mieux-être au travail et l’efficience du service
Objectifs opérationnels
- Diminuer le nombre d’accidents de travail et de maladies professionnelles
- Améliorer les conditions de travail
- Accroître la motivation des agents
- Faire des économies
Actions
- Actions de prévention des risques professionnels : formation geste et Posture (uniquement pour le service SAAD) ; Formation en interne”échanges de pratiques SAAD-SSIAD” ; mise en place d’un contrat local d’amélioration des conditions de travail
- Analyse de la pratique
- Adaptation de certains postes
- Accompagnement à la reconversion professionnelle
Fonctionnement
1. Formation gestes et postures - manutention
Pour qui ?
Uniquement les agents du service d’aide à domicile.
La moitié de l’équipe a été formée en juin 2015, l’autre moitié devrait l’être en 2016. Afin que les automatismes ne se perdent pas et que les nouvelles directives soient connues des agents, cette formation sera reconduite tous les deux ans à minima.
Par qui ?
Cette formation a été établie en lien avec la cellule Formation du service Ressources Humaines. Elle se fait au sein du centre hospitalier de Niort via la formation continue.
Fréquence
Elle s’effectue sur 2 jours organisés par demi-journée de formation.
2. Formation en interne “échanges de pratiques SAAD-SSIAD”
Pour qui ?
Cette action est menée auprès de chaque agent du SAAD arrivant dans le service.
Constat de départ : la manutention du matériel mis à disposition au domicile (lève personne, verticalisateur…) est difficile pour les auxiliaires de vie : mauvaise utilisation, mauvais positionnement, méconnaissance du matériel…
Les aides-soignant(e)s ont acquis dans leur formation initiale une manipulation adéquate du matériel. Au cours de leur cursus professionnel, ils ont développé des astuces afin de se préserver et de manipuler les
usagers le plus confortablement possible.
Il a alors été organisé, en collaboration avec les coordinatrices du SAAD et SSIAD des échanges de pratique : les auxiliaires de vie sociale ont suivi pendant 2 jours les aides-soignant(e)s pendant 2 heures 30 minutes environ.
Objectif : manipuler le matériel mis à disposition au domicile en toute sécurité et conserver de bons réflexes de manutention.
Par ailleurs, le service a mis en place un fonctionnement de service polyvalent aide et soins à Domicile (SPASAD). Les agents sont amenés à travailler ensemble, en binôme, ce fonctionnement permet un transfert de compétences aides-soignantes - auxiliaires de vie. Les situations les plus complexes à gérer portant sur un binôme de professionnels, les charges physiques et mentales s’en trouvent allégées.
3. Actions dans le cadre du contrat local d’amélioration des conditions de travail
Pour qui ?
Uniquement les intervenant(e)s du SSIAD.
Par qui ?
Intervention d’un professionnel possédant à la fois des compétences en manutention et en kinésithérapie alliant ainsi l’approche collective et individuelle.
Cadre de l’action : le SSIAD a répondu à un appel à projet de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) en 2014 dans le cadre du Contrat Local d’Amélioration des Conditions de Travail en SSIAD (CLACT).
Description : le dispositif consiste en l’intervention d’un professionnel. Il vise à réduire l’apparition des troubles musculo-squelettiques, couplant une approche collective (évaluer, à domicile, des situations de manutention complexes et les réajuster avec l’équipe ; reprendre des techniques de manutention adaptées) et une approche individuelle (apprendre aux membres de l’équipe des exercices pour atténuer les tensions musculaires ; apprendre à l’équipe des exercices de renforcement musculaire).
Le temps d’intervention de ce professionnel se décline de la façon suivante :
- Des temps d’analyse de situation au domicile des usagers sur une journée complète avec l’utilisation de vidéos et/ou de photographies.
- Un retour des différentes analyses de situation au domicile des bénéficiaires en présence d’un agent (1 journée).
- Une formation aux techniques de manutention et de prise en charge adaptée au domicile avec un suivi d’une journée (2 jours).
- Une formation pour le renforcement musculaire et la gestion des tensions musculaires à l’ensemble de l’équipe (1 journée) et la formation de plusieurs référents (3) pour assurer le suivi (1 journée).
- Chaque analyse de situation est remise sous forme de clé USb à l’ensemble des agents.
Fréquence : un suivi annuel avec une réévaluation est programmé.
Cette action s’est déroulée fin 2015.
4. Analyse de la pratique
Pour qui ?
Tous les intervenant(e)s à domicile (les aides-soignantes, les auxiliaires de vie sociale, les aides à domicile, les agents du portage de repas à domicile).
Par qui ?
Un psychologue intervenant déjà dans des Services de Soins Infirmiers à Domicile.
Objectifs :
- renforcer les compétences requises ;
- augmenter le degré d’expertise ;
- développer des capacités de compréhension et d’ajustement aux situations et aux autres.
Fréquence : les modalités de mise en place de l’analyse des pratiques professionnelles sont définies par l’intervention mensuelle d’un psychologue pendant 1h15 (avec un arrêt en juillet et août) auprès des agents en poste (la présence des agents en repos n’est pas obligatoire).
Niveau 2 : l’adaptation des postes de travail
Pour qui ?
Pour les agents de différents services dont le service de maintien à domicile.
Par qui ?
La Cellule Santé et Sécurité au travail du service ressources humaines (RH) de la ville a lancé un projet en lien avec la prévention des troubles musculo-squelettiques.
Le responsable de projet est une conseillère en prévention.
Un comité de pilotage a été constitué, regroupant le directeur général adjoint du pôle ressources, la directrice du CCAS, la directrice de l’éducation, la directrice des ressources humaines, les Médecins de prévention, le Chef de la cellule santé et sécurité au travail. Ce comité décide et fixe les orientations.
Description : un groupe de travail du maintien à domicile a été constitué et organise des études de postes. Il réalise des préconisations.
Il est composé d’un chef de service, d’une infirmière coordinatrice, d’un conseiller prévention, du médecin de prévention, d’une auxiliaire de vie, d’une aide à domicile, d’une auxiliaire de soins, et de trois représentants du personnel du CHSCT.
Ils sont accompagnés de groupes d’analyse de situations de travail composés d’agents volontaires et de la conseillère prévention.
Il s’agit d’observer les agents durant leur activité quotidienne afin :
- d’analyser les postures prises et les gestes effectués ;
- d’étudier ce qui peut être amélioré pour éviter les douleurs, les blessures et les maladies professionnelles.
Les objectifs de cette action sont les suivants :
- réaliser des observations de postes - afin de faire des préconisations efficaces ;
- diminuer le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles ;
- intégrer les facteurs de risques TMS dans les projets de conception de nouveaux postes de travail, de changement ou de modification des conditions de travail ;
- écrire un document unique des risques professionnels.
Niveau 3 : l’accompagnement à l’adaptation professionnelle et vers la reconversion professionnelle
Pour qui ?
Tous les agents de la ville et du CCAS.
Par qui ?
La cellule Emploi et Compétence du service ressources humaines.
Elle accompagne le développement des compétences des agents dans le cadre de leurs parcours professionnels (intégration, orientation, évolution, etc.). L’objectif est de guider les agents dans leur trajectoire professionnelle.
Les conseillers en évolution professionnelle accompagnent les agents de la ville et du CCAS dans leur
démarche de mobilité professionnelle, choisie ou contrainte :
- en réalisant le bilan de leurs compétences, de leurs motivations et intérêts, mais également, en identifiant les perspectives professionnelles qui s’offrent à eux ;
- en évaluant la faisabilité de leur projet ;
- et en définissant les étapes nécessaires pour les mener à bien.
Pour ce faire, elles travaillent en collaboration avec les différents services de la DRH et les directions opérationnelles.
Les agents concernés feront des stages de transition dans différents services.
Exemples d’accompagnement à l’adaptation professionnelle et à la reconversion professionnelle :
- Le planning des auxiliaires de vie présentant des fragilités ou revenant de “longue maladie” est adapté : positionnement sur de l’accompagnement aux courses ou au déplacement et sur des prises en charge moins pénibles physiquement.
- Une aide-soignante ayant eu des problèmes de santé et ne pouvant plus exercer son métier, a eu la possibilité de faire des stages sur différents postes administratifs, de se former (Word, Excel,…).
Ce cursus a duré environ une année. Elle a postulé par la suite sur un poste administratif au sein du service Petite Enfance du CCAS.
- Une auxiliaire de vie ayant eu des problèmes de santé, ne pouvant plus exercer son métier à domicile, a intégré une équipe d’entretien des locaux d’une crèche. En effet, l’adaptation de son métier au métier d’entretien des locaux a été possible car la structure avait du matériel adapté aux problématiques de santé de la personne (possibilité fortement restreinte au domicile des usagers).
Le nombre d’agents entrant dans ce processus et le coût de remplacement de ces agents restent à la charge du service concerné.
Dans le cadre de leurs missions, les conseillères en évolution professionnelle sont également amenées à sensibiliser les encadrants sur les problématiques du reclassement, de l’intégration et du maintien dans l’emploi des agents en situation de handicap.
Du côté du management :
La direction générale des services a lancé entre avril et juin 2015 une démarche de management de la
santé et sécurité au travail. L’accompagnement s’est fait avec l’aide d’un cabinet expert. Un diagnostic a été effectué sur les moyens de prévention actuels et les pratiques. Il a été alimenté par des rencontres avec les agents. Cela a permis de faire un état des lieux précis de la politique santé et sécurité dans les équipes et par la suite de détecter les pistes d’amélioration et les bonnes pratiques à partager. Tous les encadrants sont formés à la démarche.
Quel coût ?
Formation “gestes et posture-manutention”
2 000 euros pour 2 jours (pour la formation de la moitié des agents intervenant(e)s à domicile, l’autre moitié devrait l’être en 2016).
Formation en interne “échanges de pratiques SAAD-SSIAD”
32 agents ont participé à cette action. Cela représente par agent 5 heures de formation, soit 160 heures pour l’ensemble des agents, pour un coût de 2 400 euros.
Le contrat local d’amélioration des conditions de travail
La totalité du temps d’intervention du professionnel est estimé à 7 jours.
Le tarif horaire étant de 1 200 euros. Le coût total de cette intervention est de 8 400 euros.
Le temps d’analyse de situation au domicile et le retour d’analyse ne nécessitent pas de temps “agent” supplémentaire. Le professionnel accompagne l’agent sur le terrain.
Le nombre d’agents présents quotidiennement est de 7. Le nombre total d’agents au sein du SSIAD est de 13. L’absence de 13 agents pour suivre la formation aux techniques de manutention sur 3 jours génère 273h. L’absence de 13 agents pour suivre la formation pour le renforcement musculaire sur 1 journée génère 91h. La formation de 3 agents / référents au suivi de la formation pour le renforcement musculaire génère 21h d’absence.
L’absence totale des agents s’élève à 385h soit un coût total de 6 045 euros.
L’analyse de la pratique
Le coût pour le service est de 5 800 euros pour l’année 2015.
Bilan
L’analyse de la pratique : un bilan annuel avec la psychologue est réalisé. globalement, ce type de prise en charge des équipes amène chaque agent à se questionner sur sa pratique. Une évolution peut être observée dans sa démarche de travail.
La formation en interne a permis de renforcer certains savoirs, d’être plus efficace dans la prise en charge des usagers, de manipuler le matériel sans appréhension.
Les autres actions sont en phase de développement et n’ont donc pas fait l’objet de bilan.
Photo : Wikimedia Commons / Dynamosquito
Les partenaires
Partenaires opérationnels
- Le service de formation continue du centre hospitalier de Niort, pour la formation gestes et postures – manutention.
- Le service ressources humaines avec la cellule “prévention santé et travail” et les deux conseillers en prévention des risques professionnels.
Ils financent l'action
- Le Fond National de Prévention - CNRACL sur la prévention des TMS avec l’adaptation des postes de travail : subvention sur 3 ans, la subvention compense le temps mobilisé par les agents.
- Le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique.
- L’Agence Régionale de la Santé (ARS)